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L’avenir est notre poubelle

mpOC | Posté le 4 mai 2011

chroniques de livres

Jean-Luc Coudray, L’avenir est notre poubelle. L’alternative de la décroissance, Sulliver, 2010, 135 p.

Né en 1960, Jean-Luc Coudray a écrit des récits, des nouvelles, des textes humoristiques, des scénarios de bande dessinée et maintenant il en est peut-être à son premier coup d’"essai". Par ailleurs, il s’est présenté aux élections législatives à Bordeaux sous la bannière du Parti pour la décroissance (PPLD). C’est ce domaine-ci qu’il explore sous la forme de libres réflexions philosophiques sur le monde actuel vu par un objecteur de croissance.

Il met ici sa philo à la portée de tout un chacun, sans pour autant faire de concessions à la pensée. Les soixante et un thèmes abordés sont des plus variés : la banlieue, l’objet de série, la télévision, internet, la fin du progrès, la marchandisation, le tutoiement, la publicité, le fichage génétique, la vitesse, le changement climatique, la morale du travail, l’endettement, la naturalisation, le racisme, la simplicité volontaire, la gratuité, etc. On pourrait craindre l’éparpillement, mais ce serait sans compter sur un solide fil conducteur intellectuel qui n’échappe cependant pas, quelquefois, à un manque de nuances.

Qu’importe, l’ensemble donne l’impression de pertinence et de cohérence et, à quelques endroits, l’auteur touche même la grâce, par exemple ici : « En vérité, en détruisant l’ordre naturel, nous fabriquons dans la nature le chaos qui entourait les civilisations traditionnelles de manière mythique. […] Autrefois, les hommes croyaient au dieu soleil et craignaient le chaos. Aujourd’hui, nous ne croyons plus au dieu soleil et fabriquons le chaos. La puissance technique nous ramène au mythe : nous devons faire décroître nos activités jusqu’à la soumission au dieu soleil pour éviter le chaos. » (p. 76 & 77).

À aucun moment, il ne se montre cynique, virulent ou complaisamment rhétorique. Il clôt son essai par une série de pensées décroissantes sous formes d’aphorismes, comme celle-ci : « Chacun veut posséder plus que les autres pour se distinguer du troupeau. Alors qu’il existe un moyen plus économique de se distinguer : avoir moins  », ou encore celle-ci : « Chacun vit au-dessus des moyens des autres  ».

Une lecture agréable pour une bonne introduction à la décroissance, à déguster par exemple par petites tranches quotidiennes.

Bernard Legros

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