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Message d’un escargot à un autre escargot : A Namur ce week-end nous dirons NON, trois fois NON

mpOC | Posté le 6 février 2015

Communiqué de presse du 6 février 2015

Nous sommes des écologistes et comme tels préoccupés par l’avenir de l’humanité sur notre belle planète.

Nous sommes des démocrates, attachés à l’approfondissement des pratiques démocratiques, tant nous pensons que ce n’est qu’à travers celui-ci que nous pourrons faire face aux nombreux défis économiques, sociaux et environnementaux que nous rencontrons en intensifiant notre capacité à vivre ensemble.

Nous sommes pour l’équité et l’égalité sociale. Pour nous il ne peut y avoir de société sereine si ces deux principes sont bafoués ou rabotés sous les contraintes de ceux qui détiennent une puissance économique.

C’est pourquoi à Namur ce week-end nous dirons NON, trois fois NON.

Oh ! Nous avons bien lu les arguments des adeptes du oui, mais ils ne nous satisfont pas.

Comme écologiste, nous savons que le temps n’est plus à attendre. Attendre un futur parc. Attendre des mesures prises ailleurs. Attendre de ne plus avoir à choisir entre la peste et le choléra, entre un centre commercial en périphérie ou au centre-ville. Nous savons que l’époque dans laquelle nous vivons est celle de nouvelles responsabilités. Celles qui englobent la prise en compte des populations avec lesquelles nous partageons un territoire aujourd’hui, en tenant compte des autres populations de la planète comme de celles à venir. C’est parce que cette perception se fait de plus en plus nette et de plus en plus urgente que de plus en plus de personnes dans le monde se lèvent pour dire : assez ! Assez de béton en centre-ville ou ailleurs ! Nous devons absolument arrêter tout de suite de détruire le peu d’espace naturel qui nous reste en ville, aussi et peut-être même avant tout en ville, tant ce n’est qu’en nous reliant à la nature que nous pourrons faire face aux différents défis auxquels nous sommes confrontés que nous le voulions ou non. L’heure n’est plus aux centres commerciaux, mais aux ceintures alimentaires qui intègrent les espaces de vie jusque dans la ville, à l’instar de ce qui se fait déjà dans d’autres villes dans le monde. L’heure n’est plus au développement de parking mais à la mise en place d’alternatives réelles, en créant des circuits locaux, basés sur des filières locales, écologiquement saines et économes sur le plan énergétique, comme le montre déjà un bon nombre d’expériences menées par diverses villes et communes.

Comme démocrates, nous ne pouvons pas nous satisfaire de la manière dont les autorités namuroises ont tenté d’escamoter l’objet de la consultation populaire demandée par le collectif « Parc Léopold » en suivant toutes les dures et difficiles étapes fixées par la loi. Nous sommes même outrés par ces tentatives de détournement alors que dans d’autres lieux (à la Région wallonne, notamment, ou dans les programmes des partis) ces mêmes autorités se font le chantre de la participation citoyenne à l’élaboration du cadre de vie et de son avenir. Nous avons lu les questions posées et sommes abasourdis par la manière dont les autorités ont essayé de soustraire le débat de fond qui s’impose à Namur comme ailleurs.
Nous suivons les prises de positions des uns et des autres, des « appels à la raison » aux divers chantages visant à faire croire qu’il n’y a pas d’alternative ou à décrédibiliser les tenants du non. Nous nous insurgeons contre ces méthodes tant nous voyons qu’elles poussent les citoyens à se détourner de la question politique. Nous sommes à la croisée des chemins et nous n’en sortirons par le haut qu’à travers une pratique politique exigeante, responsable et respectueuse qui élargit les pratiques de la démocratie au lieu de les réduire.

Comme êtres humains attachés à la question sociale, à son équilibre et à une haute pratique de l’équité, nous ne pouvons que rappeler les dérives auxquelles nous mènent les centres commerciaux. Ils détruisent très souvent l’emploi des petits producteurs et artisans au profit d’une consommation gonflée à coup de crédit et de publicité lorsque ce n’est pas d’obsolescence organisée, les trois mamelles de notre consumérisme. Beaucoup des produits qu’on y trouve ont été fabriqués en payant les travailleurs au lance-pierre dans un pays lointain, voire même en Europe, grâce à une mise en cascade de sous-traitances opaques. Au total, nous savons que l’arrivée d’un nouveau centre commercial créera une concurrence déloyale avec le petit commerce namurois et qu’il n’aidera pas – au contraire – le déploiement de la dynamique des circuits courts dont nous avons tant besoin aujourd’hui.

Le commerce n’est pas un mal en soi mais le commerce mondialisé est sans aucun doute un des acteurs majeurs des déséquilibres planétaires que nous connaissons. A l’origine activité à haute densité sociale, qui anime nos villes depuis qu’il y en a, il devient mortifère lorsque son but n’est autre que de vendre des produits dont le besoin est artificiellement créé pour faire tourner une machine déjà à bout de souffle.

L’emblème de Namur est l’escargot, tout comme le nôtre. Or, nous explique Ivan Illich, l’escargot construit la délicate architecture de sa coquille en ajoutant l’une après l’autre des spires toujours plus larges, puis il cesse brusquement et commence des enroulements cette fois décroissants. En effet, au lieu de contribuer au bien-être de l’animal, une autre spire le surchargerait. Dès lors, toute augmentation de sa productivité servirait seulement à pallier les difficultés créées par cet agrandissement de la coquille au-delà des limites fixées par sa finalité.

Nous voulons éviter à la précieuse coquille de l’emblème namurois un enroulement croissant de trop, c’est pourquoi nous apportons notre soutien au collectif namurois contre le centre commercial, et dirons trois fois non ce dimanche.

Le mpOC, Mouvement politique des objecteurs de croissance le vendredi 6 février 2015

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